LIBRE OPINION......   LIBRE OPINION......  LIBRE OPINION.......  LIBRE OPINION......  LIBRE OPINION .....  LIBRE OPINION .....  LIBRE OPI

Beaucoup en rêvent, certains le font... Partir en mer et vivre à bord, pour un an ou pour longtemps. Un choix de vie qui demande certaines dispositions...

Quand on parle du "grand départ", il est souvent question du bateau idéal, des destinations, des moyens de subsistance...

Mais "quid" du marin ou de l'équipage ?
C'est pourtant de ceux-ci que dépendra en grande partie la réussite ou l'échec de l'expérience.
Je crois qu'il faudrait d'abord tordre le cou à certaines idées reçues, dont l'énoncé, s'il se teinte d'humour, reflète à mon avis une conception bien réductrice du monde marin.
Je pense là au "bateau qui est le moyen le plus lent, le plus inconfortable, etc...", ou encore "les deux plus beaux jours sont celui où on achète un bateau, et celui où on le vend..."
Celui qui, au fond de lui-même, pense qu'il y a là un fond de vérité n'est certes pas prêt pour le départ. Car il ne s'agit plus de faire des ronds dans l'eau, mais bien de changer radicalement de mode de vie, et justement de la passer en permanence entre le jour où l'on achète et celui où l'on revend.

Il faut donc à la base un amour du bateau assez fort pour lui consacrer son temps (et son argent, j'y reviendrai) et en faire un mode de vie.
Ce qui pour l'un sera désagréments et peine paraîtra pour l'autre accomplissement et satisfaction. Cela élimine déjà pas mal de monde, simple constatation.

Il faut aussi naturellement avoir le goût des voyages. Mais secondairement, car si le voyage est la priorité, pourquoi pas un camping-car ? Comme je l'ai lu dernièrement, les "navigos" ne voient que rarement l'intérieur des pays visités. C'est sans doute vrai (à moins de disposer de suffisamment de moyens), mais il me semble que ce n'est pas la priorité, celle-ci restant la mer.

En partant, il faut bien se pénétrer du fait que ce qui était un loisir (navigation de week-end ou de vacances) va devenir un mode de vie à part entière (O combien), et le bateau son habitat pour de longs mois, ou plus.

Pour certains qui construisent, l’aboutissement marquera non seulement la fin de leurs efforts, mais aussi et surtout l'accès à cette vie nouvelle qu'ils attendent parfois depuis fort longtemps.
On peut supposer que pour se lancer dans une entreprise d'aussi longue haleine, leur amour de la mer et du bateau à voile ne soit puissant.
Cependant on peut voir parfois certains constructeurs qui, sans trop vouloir se l'avouer, ont trouvé leur bonheur à façonner de leurs mains l'objet de leur rêve, plus que dans son utilisation ultérieure... et mettre en chantier le "mètre de plus".
Après tout, pourquoi pas ? "La foi est plus belle que Dieu..."

Il vient donc le moment de larguer les amarres. "Hisse le grand foc, tout est payé...". Il est évident que, sans parler de fuite, avec tout le relent péjoratif que le mot comporte, le libre détachement des biens de consommation dont nous faisons notre ordinaire sera d'autant mieux vécu qu'il est non seulement subi, mais attendu, voir espéré.
Car à quoi bon partir sur un bateau à voile, si c'est pour recréer à bord ou à l'escale les conditions de vie que l'on vient de quitter ?
J'entends par là les mille et unes attaches qui nous relient au monde et à son tourbillon : télé, radios, journaux, magazines...

Certains se récrieront à ces lignes qu'on est plus au temps de Christophe Colomb, qu'on est ni des Australopithèques ni des Néandertaliens.
Alors je répondrai : avez-vous vraiment tenté de vous passer de toutes ces choses si indispensables ?

Alors si vous partez, faites un petit essai. Vous verrez que l'on s'y adapte très bien, et que l'on retrouve la saveur des veillées, la chaleur des rencontres et le goût pour les bons bouquins.
Mais bien sûr, chacun navigue comme il veut.
On est libre.

Ah, la liberté justement ! N'est-ce pas elle que l'on recherche en bordant la grande écoute ?
Eh oui, c'est sans doute l'une des clés du bonheur, et du bonheur sur l'eau. Mais il ne faut pas se leurrer. Si l'on quitte ses chaînes, c'est pour en trouver d'autres.

Sans doute est-il plus libre, le gars qui part avec son sac à dos. Car le bateau demande que l'on s'occupe de lui (mais quand on aime, on ne compte pas), réclame une présence...
Libre aussi de pointer l'étrave où l'on veut, oui, mais dans un certain cadre quand même, en tenant compte des saisons...

Et puis sans doute, le plus important : pour jouir de sa vie nouvelle, il faut aussi être libre dans sa tête. La liberté ne se goûte bien que si elle s'accompagne d'une absence de soucis, ou à tout le moins leur réduction, dans toute la mesure du possible.

Soucis financiers : ceux-ci peuvent gâcher une grande croisière commencée sous de bons auspices. Si la vie sur l'eau génère du stress par manque de moyens, je doute que le bonheur soit au rendez-vous. Mais là aussi, tout est affaire d'échelle, et à chacun son minimum... Cela a souvent été abordé dans différents fils.

Soucis familiaux ou affectifs, dans le sens large du terme. Un sujet rarement abordé, et pourtant combien important. la solitude ne s'apparente pas pour moi à une "absence de liberté". Elle contribuerait plutôt à simplifier certaines choses...

Ceci dit, il y a aussi des solitudes à deux, en mer ou pas. La grande majorité des "voyageurs marins" étant en couple, je pense que là encore certaines dispositions sont nécessaires pour une navigation au long cours harmonieuse.
Un couple, c'est deux personnes. Deux gars, un homme/une femme... Ce qui est important, c'est de regarder dans la même direction, avec un but et des goûts communs. Je ne sais si à terre il y a des "différences qui enrichissent", mais je crois bien qu'en mer elles séparent plutôt.

A bord ou aux escales, il y a peu d'échappatoires possibles, et nul doute qu'un couple qui s'entend moyennement à terre ne finisse par se tourner le dos en mer.
C'est d'ailleurs une cause fréquente d'échec du voyage.
Les valises affectives, ce sont aussi celles que l'on laisse derrière soi, à terre. Et ce ne sont pas les plus faciles à gérer. A ceux qui restent, et qui s'inquiètent du départ des pigeons voyageurs, ou qui s'en attristent, je dirai qu'"aimer, c'est vouloir le bonheur des autres, sans forcément y prendre part".
Le bateau est solide ? L'équipage vaillant ? Les valises pas trop lourdes, et la liberté s'ouvre à vous...Il m'a semblé que la curiosité et l'altruisme, alliés à une certaine extraversion et une disposition pour les langues étaient des atouts à mettre au crédit d'un voyage réussi. Nul n'est parfait, et chacun fait avec ce qu'il a. Cependant certains auront plus de facilités que d'autres pour se couler dans le moule marin. Cela ne tiendra certes pas à la taille du bateau, mais bien à la possession de valeurs en adéquation avec ce genre de vie.

Une vie si différente, qu'ici peut-être plus qu'ailleurs encore, "l'important, c'est d'aimer".

Guy

                                                                                   
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Il n'y a point d'assujettissement si parfait que celui qui garde l'apparence de la liberté : On captive ainsi la volonté même.
Jean-jacques Rousseau



"Ne me quitte pas"  par Marcus mai 2009

Ou de la difficulté d'être Sans Domiciliation Etablie.

À l'aune de ma retraite j'aspirais à jouir d'une liberté entière, sans contrainte, sans attache, sans lien, autres que les amarres qui relient mon voilier au ponton.
Je veux vivre libre.
Mais dans ma quête de cette autonomie je n'avais pas considéré toutes les difficultés que je rencontrerais et les obstacles mis en travers de mon chemin de la liberté.
J'en fis l'amère expérience quand le trésor public suspendit ma pension de retraite et me retrouvais ainsi sans ressource, car il n'admettait pas que l'on ne puisse pas avoir une adresse postale en France. Je leur proposais bien la boîte postale de mon entreprise, mais il ne l'acceptait pas, bien que je leur indiquasse que les services de l'impôt s'en satisfaisaient.
Je passe sur les difficultés que je rencontrais pour expliquer à ma banque que je n'aurais plus d'adresse fixe et que j'aurais souhaité que les relevés bancaires me parvinssent sous une forme numérique. Et lorsque qu'il fallut faire l'inventaire des différents prélèvements qui se faisaient sur mon compte bancaire, je fus surpris du nombre d'organismes et de fournisseurs de services qui se servaient sur mon compte. Je reconnais toutefois avoir fait montre d'une certaine impéritie.
Quant à annuler mes différents abonnements : téléphone, internet, télévision, devant la difficulté que je rencontrais, comme entre autres on me demandait de fournir la preuve que je quittais le territoire français par la production d'un certificat de travail, je laissais ces prédateurs de mon compte sucer mes finances jusqu'à la fin de mes différentes souscriptions.

De cette expérience je m'interrogeais sur la possibilité de s'abstraire d'une société qui a érigé le principe de précaution en règle institutionnelle et fait de l'assistanat un mode de gouvernance.
Peut-être n'entrais-je pas dans le moule citoyen qui voudrait que mes pôles d'intérêts se réduisissent à suivre à la télévision entre deux écrans publicitaires débilitant les gesticulations de mercenaires du ballon aux pieds.

Peut s'agit-il tout simplement de divertir le " peuple " comme ce fut le cas avec les gladiateurs romains. A la différence,  qu'ils luttaient pour conquérir leur liberté et non  pour s'enrichir. Et selon la formule antique :" Donnez-leur des jeux et du pain" est peut-être toujours de mise, quand on sait qu'un quart de la population vit de la générosité nationale et une moitié sous le régime préservé de la République.                                                                                        
Et donc ma démarche dut être considérée par ces fonctionnaires appliqués, phagocytés par leur écran d'ordinateur comme un acte d'incivilité et d'insoumission ou même de révolte. Et il ne pourrait être admis qu'un mouton quittât le troupeau.

Chacun baise en tremblant la main qui vous enchaîne : Voltaire (la mort de César)

Être libre en un mot n'est pas ne rien faire; c'est être seul arbitre de ce qu'on fait, ou de ce qu'on ne fait point; quel bien en ce sens que la liberté ! Jean de la Bruyère.

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29 mai 2008 Pas de chance avec mes équipiers.  http://www.lepetitmondedetroll.fr/liens/index.html

Mauvaise nouvelle ! Mon équipier quitte le bord. Décidément je n'ai pas de chance avec mes équipiers ...
Le premier n'avait pas tenu 8 jours, il n'aurait pas été possible de vivre à bord avec lui; un caractère trop entier et trop vif rendait son intégration à bord plutôt dangereuse pour la suite; j'ai préféré arrêter l'expérience tout de suite.
Et le second est parti de lui même en se rendant compte que le voyage sur un ketch comme le notre n'était pas du tout ce qu'il imaginait. Il aurait voulu tirer des bords tout le journée; mais malheureusement ce n'est pas ce qu'on fait sur un bateau de voyage ! Quand on a réglé les voiles (quand il y a du vent!), on n'y touche plus. Et ensuite on passe plus de temps à découvrir les petites criques et à faire du tourisme qu'à naviguer. Ce n'était pas son idée du voyage, donc il est parti lui aussi.
Me voilà tout seul à bord.

Finalement ce n'est pas pour me déplaire; étant quelque part un solitaire; je ne serai pas plus malheureux et je serai libéré des caprices de mes équipiers.
Je me rend compte maintenant que les histoires de ponton sur la difficulté de trouver un bon équipier, sont bien une réalité. J'avais déjà entendu dire qu'il était très rare que des équipiers rencontrés sur Internet s'intègrent bien sur le bateau pour une longue période (plus d'une semaine) et je m'aperçois que mon expérience rejoint la longue liste des fiascos issus des tentatives d'embarquement d'équipiers rencontrés sur Internet.
C'est juré, je ne ferais plus jamais ça, je préfère encore naviguer seul. Il y a encore quelques équipiers que je dois retrouver un peu plus tard; je prie pour que cette fois les statistiques soient en ma faveur et que je ne le regrette pas ensuite.

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Comme cela semble facile quand les mots viennent aisément pour l'écrire.

Toute traversée est une nuit.
Partir, quelle que soit l’heure, c’est toujours une sorte de crépuscule.
Derrière soi, le quai, la ville, les amis, la chaleur, la lumière. Devant soi, ce qui n’est pas connu. Pour un jour ou un mois, l’imprévisible, l’obscur, autrement dit la nuit. Et arriver, quelle soit l’heure, c’est toujours un peu une aube.

Toute nuit est une traversée.
D’abord l’heure trouble qu’ont ressentie tous ceux qui ont navigué. La nuit n’est pas encore venue mais le soleil est couché. On sent le froid à l’intérieur de soi. Parce qu’il fait moins chaud ? Non, parce qu’il fait plus sombre. C’est le moment du frisson imperceptible, de l’inquiétude vague, de la solitude, elle, plus précise et qui, un instant, pèse sur les épaules. Larguons les amarres du jour. Un léger pincement au cœur, comme quand le quai s’éloigne et que l’amarre tombée à l’eau est remontée à bord.
Voici maintenant venir la double traversée, celle de la mer et celle de la nuit. Les êtres de cette terre, les formes familières, les certitudes réconfortantes une à une s’estompent et disparaissent. Voici venir maintenant la double solitude, celle de la nuit et celle de la mer.
Seigneur, que j’aime naviguer de nuit. Peu à peu, chacun de nos sens va retrouver une autre habilité, une autre vie. L’œil, perdu d’abord, tâtonne dans le noir et enfin trouve son chemin. Le blanc d’une crête de vague qui déferle lui fait signe. Une étoile qui se balance entre deux haubans l’appelle. La main, aveugle, va aussi trouver sa route. La barre, dans la paume, la soutient. La résistance de la mer, comme la tendance du bateau à lofer, lui sont d’autres mains qui la guident.
Et l’oreille ! Son règne commence. S’il fait beau, le bruit de l’eau contre la coque est une soie qu’on déchire. S’il vente, c’est le plain-chant de la mer qui s’élève. Une écoute qui bat, une voile qui faseille, une drisse qui claque. Vent arrière, c’est l’orchestre avec les stridences du vent et la basse continue de la mer qui roule sur elle-même. Vent debout, c’est le vacarme, tout craque et gémit, mais chaque craquement porte un nom. Ceux qui croient que la voile c’est le silence n‘ont jamais navigué à la voile.
Comme elle se peuple vite, la mer déserte et la nuit où l’on est seul.
La nuit, tout bruit est multiplié, renforcé, répercuté, toute distance agrandie de la dimension du mystère : tout contact devient surprise hostile ou geste amical. La nuit, tout est différent et plus rien n’est indifférent.
Être seul, à la barre, de nuit, ce n’est pas la même chose non plus. Le jour est quand même une sorte de compagnie. Désormais, il n’y a plus que la mer et son cercle autour de vous, plus près, plus serré, plus dur, doublé et renforcé du cercle de la nuit.
Mais qu’elle va se peupler vite, la nuit sur la mer …. Passent dans la tête les songes demi éveillés, des souvenirs, penser à lâcher le cunningham, des visages amis, qu’est-ce qui brinquebale encore en bas …. Pas de vastes pensées philosophiques, non, au risque de décevoir les âmes romantiques. Mais une sorte d’histoire sans queue ni tête, pleine de photos jaunies, de détail de cuisine, de jubilation vague, qu’inquiétudes techniques soudaines et dérisoires, de paix qui ne sait pas qu’elle est la paix.
De temps en temps, le cockpit étanche prend la parole. L’eau qui siphonne vous interpelle. « gloup-choub bubletcouck » ou autres phrases qui m’ont toujours paru relever d’une langue ouralo-altaïque assez proche du turc. On lui répond. On se répond aussi, car assez vite on se parle sans plus très savoir si c’est en dedans de soi ou à haute voix.
Parfois aussi une autre voix dit votre nom, net, précis. Comme elle se peuple vite, la mer déserte et la nuit où l’on est seul…..
Antares peu à peu s’engloutit dans le noir de la mer. Dans le noir de la nuit, la Grue fidèle navigue de conserve à bâbord. Arctucus, pierre brillante jetée de la Grande Ourse, va sombrer à son tour. A l’Est, cette décoloration comme une maladie de peau, c’est l’aube qui gagne. Maintenant, on peut aller dormir. Oui, que j’aime naviguer de nuit.
Jean François DENIAU
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Voilier pour le tour du monde
LE MONDE  du 30 novembre 2007


Pour Frank Flipo, 45 ans, sa femme et ses trois enfants de 5, 8 et 11 ans, le rêve devient réalité. Fin août 2008, tous les cinq largueront les amarres et mettront cap sur les Antilles et Cuba. Retour en France à l'été 2009. Depuis trois ans, ce patron lillois, à la tête d'une société de services informatiques, prépare l'année sabbatique de la famille : le choix du bateau, l'organisation temporaire à mettre en place dans son entreprise, le projet éducatif, la location de la maison pendant l'absence... "Le plus gros manque à gagner, ce sera mon salaire, explique-t-il, mais nous sommes si enthousiastes à l'idée de cette expérience de vie en direct avec la nature..." En tout cas, rien n'aurait pu se faire sans la vente en 2000 de sa première société à un groupe anglais.

Un cas isolé ? Pas vraiment. Les chantiers nautiques expliquent recevoir de plus en plus de demandes de la part de tous ces "globe-flotteurs" désireux d'acquérir un bateau de 12 mètres (au minimum), solide et disposant d'un véritable espace de vie. Les chiffres donnés par la Fédération des industries nautiques, alors que le Salon de Paris ouvre samedi 1er décembre à la porte de Versailles, montrent que les immatriculations de voiliers de 12 à 15 mètres ont augmenté de près de 14 % en douze mois alors que celles des 6 à 8 mètres ont baissé de 13 %.

Certes, il ne faut pas oublier les baby-boomers pour lesquels l'âge de la retraite sonne, "mais vous avez aussi des quadragénaires qui réalisent que la vie passe trop vite et qu'une pause de douze à dix-huit mois ne signifie pas forcément un arrêt de mort professionnel", explique Bruno Belmont, directeur développement produit pour Lagoon et Beneteau.


ALLIER CONFORT ET SÉCURITÉ

Le constat est identique chez Allures Yachting, qui construit des monocoques en aluminium et Outremer qui offre des catamarans en composite. Les deux sociétés se sont rapprochées début novembre pour fonder "le pôle du grand voyage". "J'ai le sentiment, explique Xavier Desmarest, fondateur d'Allures et président d'Outremer, que nous ne sommes plus dans le passage à l'acte aventurier mais dans des choix de vie. Le chômage, la crise économique, le sida ont fait réfléchir la génération qui a suivi celle des soixante-huitards."

Qui sont ces "globe-flotteurs" ? Pêle-mêle, des médecins, des avocats, beaucoup de professions libérales mais aussi des informaticiens (concepteurs de logiciels et autres) qui ont fait fortune début 2000, des propriétaires immobiliers, des chefs d'entreprise qui ont revendu leur affaire... En tout cas, souvent des plaisanciers qui ont déjà fait plusieurs croisières. Ils opteront pour un catamaran si le voyage vise à profiter du soleil et des mers bleu azur, mais si le programme de navigation les entraîne vers les fjords norvégiens ou le Spitzberg, c'est à tous les coups le monocoque en aluminium qui prévaudra.

L'héroïsme d'un Bernard Moitessier est bien loin. Désormais, tout se prépare avec minutie. Frank Flipo suit ainsi régulièrement la construction de son Outremer 45 pour lequel il a demandé deux réfrigérateurs, quatre cabines afin de pouvoir en réserver une aux proches qui viendront saluer la petite famille aux escales. Bruno Belmont énumère ce que les clients à un tour du monde lui demandent le plus souvent de placer dans un Beneteau 57 ou un Lagoon 440 : un désalinisateur, une climatisation réversible, des groupes électrogènes, un système de communication satellite... jusqu'à la machine à café ! "Ils souhaitent un confort similaire à celui dont ils disposent quand ils louent une maison pour les vacances, dit-il. Ils sont nombreux à emporter des piles de vêtements, donc nous pensons beaucoup plus placards évidemment..."

En réalité, il s'agit d'allier confort, sécurité et simplicité. Plus question de devoir aller au pied du mât pour régler une drisse. Les commandes se font du cockpit. "Les gens ne veulent plus se poser de questions, tout doit être simple, confirme Bernard Roucher, directeur commercial d'Alubat, qui propose la gamme des OVNI. Ils demandent à ce que tout soit facile à manier, se reposant presque les yeux fermés sur l'électronique." "Sur certains OVNI, vous avez maintenant, en standard, un propulseur d'étrave", aidant aux manœuvres d'amarrage, explique-t-il.

Pour rassurer encore davantage si nécessaire, le chantier met désormais à disposition - avec un supplément de prix - un skipper afin de passer sans encombre les phases de navigation les plus délicates. Autre idée de plus en plus fréquente, la volonté de "se faire router" - comme les skippers de course - par des experts en météo qui donnent les meilleurs caps à prendre selon les prévisions. "C'est souvent le cas lorsqu'il y a une traversée de l'Atlantique en famille, souligne M. Roucher. Les parents ne veulent pas que les enfants arrivent épuisés par le mal de mer ou effrayés par des coups de vent. Ils prennent un routeur qui leur évite le trop gros mauvais temps." Rien ne doit bousculer l'aventure apprivoisée.

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Le délire de précaution
Marcus


Il est de plus en plus difficile de trouver des volontaires pour embarquer pour un long voyage à la voile. Beaucoup en rêvent mais bien peu  lâchent la main d'un état providence et d'une société corporatiste et communautarisée, Phagocytée par la télévision et le téléphone portable, l'époque n'est plus propice à l'aventurisme, aux risques, au détachement.
On ne veux plus prendre de risques. Celui d'essayer, d'entreprendre. Contre l'audace et le risque on abuse du principe de précaution dorénavant érigé en précepte. La Marianne de nos frontons et des halls de mairies est dorénavant flanquée d'un parapluie.
Ce mal qui nous ronge n'est pas nouveau mais insidieux. Partout une faiblesse s'insinue, une inclinaison à nous conduire en victimes, sans courage ni dignité. Contre les colères de la nature, la hausse du prix du pétrole, les virus de la création, on veut de la vindicte et des boucs émissaires, on réclame la protection de l'état. On veut à domicile du stérile et du climatisé. En somme, on invoque un destin de couveuse, une protection sociale universelle, le rêve d'une immortalité zéro.

J'exagère, je suis excessif ? Un peu seulement. Voyez nos journaux télévisés, cette doléance lancinante et permanente. La France n'y apparaît plus dirait-on qu'en fauteuil roulant, avec prothèses et tranquillisants. Défilé de victimes, déplorations, affliction, compassions.
Nous sommes dans un état obèse, dispendieux ou tout est fait pour décourager le volontarisme et l'envie d'entreprendre, où les services  dit publics y sont en grève récurrente, et le chantage des corporatismes s'exerce à proportion de leur nuisance publique. Cette idéologie sans doctrine est celle d'un état d'esprit, d'un ensemble de croyances ou de convictions qui anesthésient le courage et l'action. Le marxisme, jadis conquérant a muté. Il nous reste une idéologie dolente et cagnarde qui éteint l'ardeur populaire sous un rêve de vieillard: repos, retraite. Le citoyen retombé en enfance attend tout du maternage de l'état L'actif est sacrifié au profit de l'assisté, le maître à l'élève, le mérite à l'ancienneté, le risque à la précaution.

Je ne veux croire que la devise des Français soit dorénavant : Doléance, Tolérance, Assistance.

Pourtant je reste optimiste. A bord de Camerone embarquent des jeunes qui savent que l'avenir appartient à ceux qui risquent, entreprennent et s'engagent.

Marcus        Aubenas le 11 novembre 2007

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Patrick Skipper du voilier CARAMEL son site : www.amelcaramel.net/index.php

Les équipiers...
Les pires histoires circulent à ce sujet sur les pontons et dans les mouillages désœuvrés de la ceinture tropicale. Alors que j’écris ces lignes, je songe à notre expérience personnelle. Le sujet est délicat et risqué : j'en ai vu venir aux mains. Si le ponton ou la côte ne sont pas éloignés, le problème est rapidement purgé. S'il reste 1000 milles avant toute terre, le chancre va encore enfler et la pression monter. Le pire est déjà arrivé (voir la littérature).
La promiscuité, le mauvais temps, le mal de mer, la fatigue, les humeurs, la non communication, la durée du voyage sont quelques uns des catalyseurs qui peuvent électriser les relations entre le skipper et les équipiers ou entre les équipiers.
J'essaye de me remémorer les mauvaises expériences de ces trente années de navigation, elles sont peu nombreuses. Je ne citerai pas de noms, ils se sont dissous dans la mémoire sélective … Avons nous eu de la chance ? Peut-être. Beaucoup de mes amis sont des équipiers de longue date, parfois eux-mêmes skipper et ils sont toujours mes amis.
Sur Caramel, nous avons pour la première fois pris des équipiers "inconnus", recrutés indirectement ou même par Internet. Nous avons essayé de les rencontrer avant le départ si c'était possible (2 sur 4). Les semaines avec eux se sont bien passées, car l'objectif commun était de faire de la croisière dans une bonne ambiance, même si nous ne vivons pas nécessairement à terre de la même façon. Avec certains, des "gênes" sont apparues en cours de voyage, mais nous avons tous eu suffisamment de retenue et de savoir-vivre pour terminer correctement le trajet prévu. Personne n'a débarqué avant terme. Certains ont trouvé à bord ce qu'ils espéraient, d'autres pas.
A de rares caractères près, la vie à bord avec des équipiers ne peut avoir qu'un temps, surtout en voyage. Je pense qu'au delà de 3 à 4 semaines, on perd de la résistance aux petites contradictions quotidiennes qui sont le lot de la vie en commun dans un espace réduit.
Seul un couple peut tenir sur le long terme, mais pas toujours … Au delà de six mois de croisière, si Madame est toujours à bord, il y a de fortes chances pour qu'elle reste, sinon, le skipper devra faire un choix cornélien ! Il y a toujours quelques demandes pressantes d'équipiers aux Canaries, après un Gascogne musclé …
Il y a 2 types d'équipiers :
celui qui vient pour une traversée ou un convoyage. On a besoin de ses bras, de ses yeux, et de ses heures de veille durant les quarts de nuit. Il sait à quoi s'attendre en venant et est là pour faire des milles, pour saluer le gros temps s'il se présente.
celui qui est le bienvenu, que nous avons envie de voir, mais dont on n'a pas "besoin". C'est le cas d'amis qui viennent passer une ou deux semaines de vacances. Il ne souhaite pas de gros temps, ni faire beaucoup de milles.
On conviera donc les 2 types d'équipiers en fonction des parties adéquates du voyage. Une chose souvent mal comprise par le second type d'équipiers, est que nous ne sommes pas "en vacances" au sens ou ils l'entendent. Je m'explique : nous vivons sur notre maison flottante depuis plusieurs mois ou plusieurs années. Au même titre qu'eux dans leur quotidien terrestre, nous avons envie de nous reposer, de lire, de nous isoler et pas nécessairement de faire du tourisme à tout crin et de remplir nos journées par 12 heures d'activités. Ceci même au risque de ne pas tout voir dans les endroits où nous passons.
Pour le premier type d'équipier, la seule expérience demandée est d'avoir déjà un peu navigué, histoire de savoir ce qu'est le mal de mer et s’il y réagit normalement. Nous ne prenons pas d'équipiers sujets à des crises de maladies (épilepsies, etc…). La compétence technique n'est pas indispensable. Nous en avons familiarisé quelques uns à la navigation sur Caramel et en avons déçu d'autres, car la manipulation des voiles sur un Amel est très automatisée. On ne torche pas beaucoup de toile et on barre très peu …
A l'embarquement, quelques consignes sont systématiquement répétées :
explications sur le matériel de sécurité du bateau (balise, life-raft, etc…)
remise et ajustement du matériel de sécurité personnel (gilet gonflant, harnais …) xplication insistante sur le fonctionnement des toilettes (tu bouches = tu débouches)
explication des points délicats ou dangereux sur le bateau (consommation eau, winch électriques, …)
la participation aux tâches de bord : quarts, vaisselle, nettoyage
J'ai vu sur un bateau copain, le skipper remettre une page imprimée avec tous les conseils à suivre, y compris la manière de s'asseoir sur le pot ! Pourquoi pas si cela évite des dégâts. Sur un autre, c'était plus "hard" : l'équipier devait signer un contrat pratiquement léonin où le skipper avait tous les droits et le pauvre équipier, juste celui d'obéir : la chiourme ! Sur Caramel, on serait plutôt du style épicurien ordonné.
La PAF (participation aux frais), est aussi très variable. Une caisse de bord alimentée au fur et à mesure des besoins, un prix fixe par jour, ou la gratuité sont les limites entre lesquelles il faut trouver son système. Nous pratiquons en général le forfait journalier modéré, car d'abord on n'est pas là pour faire de l'argent en embarquant les équipiers, ensuite parce qu'en grand voyage, on transporte un grand garde-manger, que nous remplissons au fur et à mesure des opportunités du périple. Sur l'Amazone, l'Orénoque ou en Patagonie, il faut apporter ses biscuits, car l'avitaillement est souvent impossible. Ce système nous semble juste et équilibré. En Europe, nous pratiquions la simple caisse de bord. Les taxes de séjour, de tourisme, etc.. sont considérées comme dépenses personnelles.
Nous avons connu de près deux skippers qui demandaient entre 300 et 500 euros par semaine plus la nourriture pour le droit d'être équipier sur leur bateau. Dans les deux cas, les skippers ont fini seuls et aux Antilles …
Ne pas oublier de contrôler les points suivants :
prise en charge dans l'assurance du bateau des frais médicaux de l’équipage en cas d’accident caractérisé sur le bateau
demander aux équipiers d'être assurés rapatriement, genre EUROP ASSISTANCE
que l'équipier ne soit pas en possession, ni adepte de stupéfiants (bateau saisi dans certains pays)
qu'il dispose de l'argent nécessaire pour acheter un billet d'avion retour s’il n'est pas en sa possession.
qu'il dispose également du visa d'entrée dans le pays de destination
dans la négative des 2 derniers points, c'est le skipper qui paiera le billet retour de l'équipier + amende …
Pour les faire voyager léger, nous avons à bord le linge de toilette et de literie, mais nous leur demandons d'emporter une paire de chaussures propres à porter uniquement sur le bateau et une autre pour la terre, leur pharmacie personnelle et … du chocolat, si possible noir, aux amandes, à l’orange, au massepain, ...
Castagne à bord :
Romain avait besoin de cet air du large ou plutôt de changer d'air. Le sien commençait à l'asphyxier. Après une lente dégradation de son couple, sa femme s'était barrée avec les enfants. Dans la foulée son boulot s'était évaporé, le laissant seul et désœuvré à ressasser du noir. Un copain l'invita à passer quelques jours sur son voilier, le temps d'une traversée de la Manche et d'une virée dans cet autre monde qu'est le Royaume-Uni.
Romain trouva l'expérience super. C'était ce qu'il lui fallait, une sorte de thérapie pour se ressourcer et repartir du bon pied dans une nouvelle direction. Il passa une annonce sur un forum du net, renseigné par un copain navigateur : "Equipier cherche embarquement sur voilier en vue transat ou TdM, disponible maintenant et départ rapide souhaité".
A cette époque, je recherchais quelques équipiers pour des étapes de notre voyage. Nous échangeâmes quelques emails et lui conseillait finalement de naviguer un peu plus pour savoir si la mer lui plaisait vraiment et pour acquérir un peu d'expérience nautique.
Nous l'avons retrouvé dans un cybercafé, par hasard à Ténériffe - Canaries. Il avait entendu mon nom dans la conversation que j'avais avec Catherine devant un PC. Son aventure s'achevait là. Il était monté sur un bateau en Méditerranée comme équipier en direction des Caraïbes. L'ambiance à bord s'était dégradée et ils en étaient venus aux poings … Fini le rêve, fini l'exotisme, bonjour la case départ, le moral dans les Docksides.
Cette anecdote concerne un équipier, mais la morale est tout aussi valable pour le skipper tenté par le grand voyage : "Ne crois pas échapper à tes problèmes sur la mer, ils embarquent avec toi et ressurgissent toujours au mauvais moment". Cette morale n'est pas de moi, elle est bien connue, mais elle est essentielle. Si vous partez courir le monde, vous le constaterez de temps à autre et c'est toujours triste. Esope, grand marin, a d'ailleurs pondu cette citation bien connue : "L'équipier, c'est la meilleure et la pire des choses" …
Conclusion
Certains couples ne veulent plus entendre parler d'équipiers, c'est un peu extrême. C'est souvent un plaisir d'accueillir des amis à bord pour une période courte (15 jours) ou des équipiers qui rendront la croisière ou la traversée plus confortable par le partage des tâches, et plus riche par le partage des expériences.
Restent les solitaires qui ne se posent pas de questions, mais le mot de la fin sera tout de même : Bienvenue !
Patrick pour STW

                                                                           
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Une autre réflexion sur la difficulté de former un équipage.  Par William Marie  son site : http://wmarie.free.fr/

Un grand voyage sur l'eau qui tombe... à l'eau
Misère de l'équipage
Au risque de citer Joseph Staline "La question centrale c'est l'homme", je dois confesser qu'après avoir préconisé toutes sortes de bonnes méthodes pour choisir un équipage sur les meilleurs critères psychologiques possibles, je me suis retrouvé dans la situation de "faites ce que je dis mais pas ce que je fais".
Donc au lieu de tester soigneusement les atomes crochus de deux équipiers destinés à ce périple vers la Guyane avec possibilité de suite sur la côte brésilienne j'ai embarqué les deux seuls individus qui étaient disponibles (et avaient répondus à mon annonce interneteuse).
Ignares en navigation je me suis vite aperçu qu'ils n'avaient aucune affinité ni pour la mer, ni pour les bateaux, ni même pour la destination (La Guyane). L'un ne pensant qu'à un stage de parachutisme en... Guadeloupe et l'autre ne décollant pas d'une sous-culture de planche à roulette (pensait-il le pont d'Antlia semblable à celui du Charles De Gaulle ?), avec tout ce qui va avec (dont les immondes pantalons quadriplaces pas spécialement adaptés à la navigation). Inutile de préciser que, bien que se retrouvant au chômage tous les deux, ils n'étaient pas du tout intéressés par mes idées "alternatives" (pour emprunter un mot hochet à la mode) de vie et d'économie. Ces deux jeunes adultes (27 et 31 ans) correspondaient parfaitement à la catégorie des "adulescents" des sociologues : un mélange d'insouciance infantile peu excusable vis à vis de leur âge.
Nous nous séparâmes aux Canaries, c'était mieux ainsi.
Internet, la machine à zapeurs (essai d'approche ethnographique)
Lorsque je me lamente auprès d'un de mes rares compatriotes, qui veut bien recevoir mes propos, sur l'impossibilité de trouver quelqu'un pour fendre les flots et avec lequel on partage un minimum de goûts et d'aspirations communs, je me fais immanquablement répondre "Yaka passer une annonce sur Internet !". Ben voyons ! Comme si je n'y avais pas pensé plus tôt ! Très exactement depuis le moment (il y a près de 10 ans) où je suis passé de mon Daïmio de 7 m au Symphonie de 10 m destiné à de plus grands périples qui se seraient avérés un peu justes en solitaire intégral. Et, bien entendu, je me suis précipité sur les sites de "bourses des équipiers" compulsant les "demandes" et passant des "offres". Ce n'était pas la matière qui manquait, et même si j'évacuais, les couples en tentative de voyage de noce à l'oeil (se voyaient répondre immanquablement la citation de Léo Ferré : "Quand j'vois un couple, j'change de trottouââârrr"), les cadres stressés n'ayant que 10 jours à m'accorder, les vieillards se prétendant "moussaillons" et autres profiteurs sans contreparties, il me restait néanmoins un certain nombre de personnes qui pouvaient convenir à mes projets marins petits (juste un périple vacancier) ou grands (l'aventure transocéanique).
Toutefois la sanction fut inévitablement la même à plus ou moins longue échéance : au bout d'un temps variable, habituellement très court, mais parfois plus long (avec un frais bachelier la correspondance a duré 3 mois) ils cessaient de répondre, sans un mot d'explication, même pas un constat de désaccord. Que ma tête visible dans l'Affiche Rouge de la présentation, noire de barbe, ennemie, hirsute, menaçante, les glace d'horreur, je veux bien l'admettre, qu'en dessous de 18 m un voiler n'est considéré que comme une coquille de noix, passe encore, mais, pour certains, ce n'était pas ça. "J'ai vu ton site et ton bateau, c'est très bien", me disaient certains en substance. Quelques échanges et puis, crac, plus rien. "Que leur dis-tu qui les effraie à ce point ?", m'ont dit certains. Mais rien justement ! Je n'inflige mes propos politically incorrect à mes correspondants que lorsque des échanges à un niveau un peu élevé peuvent s'envisager. Ce n'était pas le cas ici pour mes correspondants marins. Et même je subissais le zapping pour beaucoup lorsque je leur répondais que ce qu'ils me disaient sur eux, leur vécu et leur expérience marine étaient très bien et me convenaient parfaitement.
Etranges étrangers ? Impossible, mais pour d'autres raisons
"Il n'y a pas que les français sur la planète pour naviguer au long cours", me direz-vous. Ce qui est exact. Aussi dans un pays où j'ai eu l'occasion de nouer des liens, le Maroc, je trouvais quelques jeunes que cette aventure aurait beaucoup intéressé. Mais c'était méconnaître une autre donnée du mondialisme : seuls les "ethnically correct" ont le droit de voyager. Aussi je n'ai même pas pu inviter passer des vacances en France, un jeune marocain nanti d'un passeport et d'un certificat d'hébergement  en bonne et due forme. Le visa de tourisme lui était interdit (ainsi que dans beaucoup d'autres pays, même dans le cas d'équipage). Gageons que si j'avais invité un des seigneurs de la planète, qu'il soit américain ou japonais, je n'aurais sûrement pas essuyé un tel refus.
Conclusion
Il faut se rendre à l'évidence : si l'on n'est pas en famille ou en couple patenté, il ne reste que la navigation solitaire forcément limitée surtout si l'on n'est pas de la trempe d'un Moitessier ou d'un autre navigateur (ou navigatrice) d'exception. Il est en fait impossible de rencontrer un français valable pour un projet marin au long cours. Quelques années que j'essaie de rencontrer ces oiseaux rares, en vain.
Car la recherche d'autres acolytes intéressés par une telle aventure est devenue impossible en France ! Qu'il est (déjà) loin le temps où les petits bretons ne rêvaient que de partir comme mousses et avaient la sainte horreur de rester plouc. Aussi 99,9 % préfèrent perdurer dans leur infantilisation scolaire prolongée à "bac plus cinq" et pour le 0,1 % qui serait prêt à se lancer dans cette aventure raisonnable, ce sont les parents qui ne veulent pas les lâcher.  Quant aux plus grands, qu'ils soient casés ou non dans le monde du salariat, quitter le plancher des vaches et - surtout - abandonner leur télévision, les tentent autant que votre serviteur de s'engager dans les Compagnies Républicaines de Sécurité.
William Marie
                                                                            *   *   *
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Heureux qui comme Ulysse
A fait un beau voyage
Heureux qui comme Ulysse
A vu cent paysages

Et puis a retrouvé après
Maintes traversées
Le pays des vertes vallées
Par un petit matin d´été
Quand le soleil vous chante au cœur
Qu´elle est belle la liberté
La liberté. Georges BRASSENS